Coup de cœur musical #17 : Sainte Nicole

Océane aka Sainte Nicole était destinée à devenir ingénieure mais a finalement dévié vers sa passion : la musique. Elle écrit, co-compose et produit des morceaux engagés mettant en avant des sujets tabous. Elle définit sa musique de pop française irrévérencieuse. Nous nous sommes retrouvées au bar du mythique Hotel Amour pour échanger, rire, philosopher.

© Natacha Mojaiski X Machime Chenu

Lise : Peux-tu te présenter ?

Sainte Nicole : Moi c’est Océane, je suis artiste et résidente dans une petite salle de spectacle à Pigalle qui s’appelle Le Cancan. Le principe est que j’invite tous les mardis des artistes à venir jouer sur scène. J’ai également la casquette d’entrepreneuse car j’ai créé mon label et essaye de créer une économie autour de mon projet. C’est vraiment un 360 avec toute la partie production, la créa, l’image, la communication… C’est comme une petite entreprise. 

Lise : Et ton nom de scène Sainte Nicole est en hommage à qui ? 

S.N. : Nicole était le prénom de mes deux grands-mères, deux femmes qui ont été des piliers dans ma vie. Je trouvais intéressant de leur rendre hommage car j’aborde souvent dans mes textes la place des femmes dans la société. J’ai rajouté « Sainte » par esprit de contradiction car je parle de sujets tabous, de sexualité. Dans la littérature, il y a deux voies pour les femmes : soit les Saintes, soit les putes. Quand j’ai commencé mon éducation féministe, je me suis rendue compte que je m’étais jamais identifiée à un seul personnage féminin dans tous les livres que j’ai pu lire. 

Je m’amuse aussi de ce nom dans mon univers avec des sons de cloche dans les arrangements. Mes concerts s’ouvrent sur des sons de cloche. Le premier clip a été tourné dans un temple. Dans mon deuxième clip, on joue également sur les codes religieux avec des personnages de la mythologie , de l’ancien testament. 

Lise : Comment t’es-tu retrouvée dans le milieu de la musique ? 

S.N. : A la base, j’ai fait des études d’ingénieur, j’ai commencé à travailler et j’ai dérivé vers la musique. Ca a été très long, ça m’a pris 8 ans car j’avais tout un tas de freins. J’ai pris du temps aussi pour bien m’entourer et comprendre l’industrie de la musique.  Et je n’avais aucun exemple, je ne connaissais pas le milieu. C’est grâce à mon père que j’ai mis le pied dans le monde de la musique. En revanche, il fait ça en amateur et n’avais aucun réseau dans le milieu. 

Lise : Quand as-tu lancé ton projet ? 

S.N. :  Je suis revenue m’installer à Paris après le premier confinement. En juin 2020, j’ai commencé à poser les bases. Par la suite, j’ai rencontré en décembre 2020 mon producteur avec qui j’ai travaillé sur l’identité sonore du projet.

Lise : Tu as suivi des études d’ingénieur, est-ce que ça t’aide dans la musique ? 

S.N. : Ca me sert à plusieurs niveaux : sur le côté organisationnel. Je fais beaucoup de tableaux Excel ! (rire) Je suis assez carrée dans mon organisation. Mais également pour la production musicale car j’utilise un logiciel de MAO (Musique Assistée par Ordinateur) avec tout un tas de plugings : c’est de la physique, c’est du traitement du signal. Je pense que je n’ai pas eu de freins à mettre clairement les mains dans le cambouis. 

Lise : Comment s’est passé l’écriture des textes et la composition des musiques de ton EP ? 

S.N. :  Pour les textes, c’est moi de A à Z. Pour la musique, la majorité des titres de l’EP ont été créés avec Baptiste. Il est claviériste et on travaille à 4 mains dessus. Je commence tout juste à composer des titres seule et à faire des collaborations avec d’autres personnes. Le fait de maîtriser un logiciel MAO m’aide car nous parlons le même langage. Cette connaissance m’a donnée plus de légitimité dans mon discours et m’aide dans la création de mon ADN. Pour le projet Sainte Nicole, j’ai eu envie de lâcher ma guitare et d’explorer la production musicale. Je voulais également avoir un rapport différent à la scène en y amenant de la danse. 

Nicole était le prénom de mes deux grands-mères, deux femmes qui ont été des piliers dans ma vie. Je trouvais intéressant de leur rendre hommage car j’aborde souvent dans mes textes la place des femmes dans la société. J’ai rajouté « Sainte » par esprit de contradiction car je parle de sujets tabous, de sexualité.

Sainte Nicole

Lise : Peux-tu me parler de ton premier EP ? 

S. N. : Cet EP tourne autour de différents sujets comme la quête de ma place, de ma sexualité, de mon épanouissement amoureux. Il sortira à l’automne. Le deuxième single s’appelle Les filles qui parlent forts  que j’ai écrit au moment de l’affaire Hoshi. Le premier couplet fait référence à cette affaire, le second couplet fait référence à Adèle Haenel qui part de la Cérémonie des César et dans le refrain, c’est plutôt un hommage aux femmes qui m’inspirent. Le troisième titre est « Vice ou vertu » dans lequel je raconte des histoires et questionne si c’est du vice ou de la vertu. C’est clairement des histoires de cul ! (rire) Il y a un autre titre qui s’appelle : L’amertume , il parle notamment de la frustration face au succès des autres. Maitre est le dernier titre dans lequel je parle de ma précédente relation amoureuse. Sans m’en rendre compte j’étais dépendante émotionnellement de quelqu’un. Sur cet EP, ce sont vraiment des morceaux coups de poings et intenses. 

Je suis également en préparation en ce moment de mon album qui sortira en 2024. Il y a notamment un titre qui me tient à cœur Trésor que j’avais écrit lorsque ma première grand-mère Nicole est partie. Il y a aura un mix de titres piano/voix et pop. 

Lise : Quels sont tes actualités du moment ? 

S.N. : J’ai 3 actus en ce moment : la sortie du titre et du clip : Les filles qui parlent fort , la sortie le 9 juin prochain d’un nouveau titre : Viva la Vulva et un concert le 23 juin aux Trois Baudets.

No Comments Yet

Leave a Reply