Dans le studio d’Alban Claudin

Alban Claudin m’a donné rendez-vous un lundi soir dans son studio d’enregistrement du 18ème pour une interview intimiste. Il a sorti en septembre dernier son deuxième album Room of reflexion.

© Alice Aussud

Lise : Peux-tu te présenter ?

Alban Claudin : Je suis pianiste, compositeur et j’ai sorti mon 2nd album début septembre qui s’intitule Room of réflexion.

Lise :  Quel est ton histoire avec la musique ?

A.C. : J’ai grandi dans le nord de la Bourgogne, une petite ville à 1h de Paris qui s’appelle Sens. Je me souviens quand j’étais tout petit, il y avait déjà des photos de moi au piano et à la batterie. J’essayais de tapoter sur les instruments. J’ai eu la chance d’avoir des instruments très tôt car mon père était batteur et ma sœur faisait du piano. Il n’y a pas un jour de ma vie où je n’ai pas pensé à la musique. Je me souviens que c’était limite une corvée pour moi de partir une semaine en vacances par an avec mes parents car je ne pouvais pas faire de musique !

Par la suite, j’ai pris des cours de musique à 5/6 ans avec des profs privés ce qui est une chance à mon goût. J’étais moins cloisonné que j’aurais pu l’être au Conservatoire. J’ai fait la démarche d’aller au Conservatoire à 17 ans au moment où l’on est censé le finir si l’on est bon élève ! Je suis rentré en fin de Conservatoire à Auxerre et Dijon car j’avais déjà 11 ans de musique derrière moi. C’était assez marrant car je faisais des dictées de solfège avec des enfants de 8 ans ! (rire)  J’ai fait 2/3 ans de conservatoire et j’ai eu la chance de partir rapidement en tournée. C’est grâce à mon professeur que j’ai eu cette opportunité. C’était des concerts de temps en temps mais j’y ai pris goût. Je jouais dans des théâtres et le lendemain j’allais en cours. C’était en quelque sorte mes premiers pas dans ce monde. J’ai tenu 3 mois en fac de pharmacie et je me suis lancée à fond dans la musique ! Tous mes proches étaient persuadés que je ferai ça de ma vie sauf moi ! (rire) 

Lise : Par quels biais as-tu rencontré les artistes que tu as accompagné sur scène ?

A.C. : J’ai d’abord fait la rencontre du guitariste Stéphane Golmann qui m’a présenté du monde dans la musique sur Paris. Il m’a fait rencontré mon éditeur qui est actuellement mon manageur et le producteur de mes albums. De fil en aiguille, j’ai rencontré des gens de chez Nouvelle Vague notamment Marc Collin. Il m’a écrit car Clara Luciani cherchait un pianiste à l’époque. En 2014-2015, je jouais dans 4/5 groupes différents quand je l’ai rencontré. J’ai tourné avec elle pendant plusieurs années avant de me lancer en solo.

Lise : Quand as-tu pris conscience que tu voulais te lancer en solo ?

A.C. : J’y pensais déjà avant d’accompagner des artistes mais sans vraiment me lancer. J’ai longtemps réfléchi à la forme qu’allait prendre mon projet solo car j’ai écouté du rock anglais quasiment toute ma vie et à contrario beaucoup de musique classique. Grâce à mon éditeur, on a réussi à trouver le concept de mon projet : faire des pièces qu’au piano. J’osais pas trop passer le pas. J’avais des références comme Chilly Gonzales ou plus récemment Sofiane Pamart.

 « Il n’y a pas un jour de ma vie où je n’ai pas pensé à la musique. »

Alban Claudin

Lise : Tu as aussi composé des musiques de films notamment pour le film Amore mio de Guillaume Gouix. Comment as-tu vécu cette nouvelle expérience ?

A.C. : Je crois que mes titres peuvent faire penser ou inspirer des musiques de films. Pour l’instant, j’ai fait la musique d’un seul film. C’est Amore mio de Guillaume Gouix. Il est sorti en février dernier. Après l’écoute de mon album, il m’a contacté pour me proposer de faire la BO de son film. Il y a une des musiques de mon album qui a été utilisé dans le film et une composition originale. J’ai adoré composer pour ce projet ! Il m’a donné carte blanche pour la création. Je lui ai livré une première maquette avec plusieurs versions arrangées de différentes manières : une version piano calme, une version électro, une version avec des cordes. Je lui demandais ses préférences pour qu’il m’éclaire sur la direction à prendre. Pour moi, c’était des brouillons non finalisés. Au final, il a gardé toutes les musiques. Ils ont même tourné sur certaines ! J’ai du retravaillé dessus 6 mois après, c’était assez compliqué de revenir dessus tant de temps après. C’était assez particulier, formateur et drôle comme expérience. En même temps, je préfère ça plutôt que de travailler avec un réalisateur jamais content ! Ca m’arrivera sûrement un jour ! (rire)

Il y a quelques années, j’avais également travaillé sur plusieurs cours métrages. Pour moi, le travail à l’image est quelque chose de complémentaire.

Lise : Peux-tu me parler du processus de création et de la collaboration avec le réalisateur ?

A.C. : Pour la création de musiques de films ou documentaires, soit tu as déjà des références soit tu en as pas. Ta musique doit être en permanence synchronisée avec l’image. Tout va dépendre aussi des envies des réalisateurs.trices. Il y a également une direction artistique qui est décidée en amont.

Lise : Tu as sorti ton deuxième album Room of reflexion en septembre dernier dans lequel tu joues exclusivement du piano. Quelles émotions voulais-tu faire passer ?

A.C. : C’est un moment où je me suis retrouvé seul après une longue tournée : celle de Clara Luciani, la mienne et d’autres projets. Je me suis beaucoup isolé. J’ai rien enregistré dans mon studio parisien mais dans mon studio en Bourgogne. La qualité de vie est plus propice à la création. J’ouvre la porte et j’entends direct des oiseaux ! Je me suis retrouvé en tête à tête avec mon piano qui m’a en quelque sorte accompagné toute ma vie. J’ai pu faire le point sur ma vie comme beaucoup d’artistes le font. Je me questionnais beaucoup à cette époque sur comment faire sa place dans la société. J’avais besoin de me couper des réseaux sociaux, je m’autorisais juste une balade dans la forêt. Pour m’inspirer, j’ai aussi loué des Airbnb dans des endroits assez fous comme un chalet sur l’eau. J’ai mis 6 mois à créer cet album.

 « Je crois que mes titres peuvent faire penser ou inspirer des musiques de films.  »

Alban Claudin

Lise : J’ai vu que tu t’étais lancé sur Tik tok avec des reprises de titres emblématiques. Comment t’es venu cette idée ?

A.C. : Pour un pianiste classique, j’ai toujours suivi les titres sortis à la radio. Je me suis dit que ça serait cool de reprendre les titres que j’aime bien car je les jouais déjà seul au piano ! Au début, je me cherchais, j’ai fini par trouver une approche qui me correspond. J’ai pris du temps à trouver le concept que je voulais lancer sur Tik Ttok. Je vois que je commence à créer une communauté engagée et intéressée, ça me motive d’autant plus !

Lise :  Tu as lancé un autre concept d’aller faire un concert chez des inconnus. Peux-tu m’en parler ?

A.C. : J’ai lancé ce concept lors de mon dernier concert à la Scala à Paris. On avait demandé au public les coordonnées de personnes intéressées. On en a tourné une dizaine avec une équipe. Nous allons bientôt tourner de nouveaux épisodes. A terme, j’aimerais aller jouer chez les gens juste pour faire des concerts.

Lise : Quels sont tes projets pour la suite ?

A.C. : Je vais continuer à sortir des reprises sur Tik Tok. Nous allons réfléchir à les regrouper sur un EP d’ici quelques mois. J’aurais normalement une date de concert à Paris en janvier.

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