Dani Terreur est un mec à la fois cool, triste, rockeur et poète. Il est auteur, compositeur et interprète et a crée le concept des Sessions cool tristes. Après le succès des trois premiers volumes, il sort le quatrième volume avec la participation de St Graal, Zélie, Shaga, Chéri et Illa.
Lise : Hello Dani, dans un premier temps, peux-tu te présenter ?
Dani Terreur : Je m’appelle Dani Terreur et je fais de la musique : je suis chanteur, auteur, compositeur, je chante mes chansons sur scène, je fais des albums, des EP, et plein d’autres projets, dont les Sessions cool tristes, qui sont des projets en collaborations avec d’autres artistes.
Je fais aussi beaucoup de compositions et de productions pour d’autres artistes. Celle avec laquelle je bosse le plus fréquemment, c’est Alice et Moi : j’ai co-composé avec elle ses deux derniers albums et j’ai fait la prod. Je travaille aussi avec Achile, Zélie, ou encore Louve, pour en citer quelques-uns.
Lise : Peux-tu me raconter le processus de création de ton premier album, sorti en 2018 ?
D.T. : Je suis passé par beaucoup d‘étapes de réflexion et un peu de précipitation.
En fait, j’ai commencé à chanter sur un coup de tête en 2015/2016 et tout est allé assez vite ! Avant ça, j’étais un technicien caché dans le studio d’un mec qui m’exploitait, et j’ai mis longtemps avant de m’en rendre compte. Je composais notamment des musiques de pub pour lui et il a tout mis à son nom à la SACEM… Je composais pour des petits groupes de musique également et j’adorais ça, j’adorais chanter, mais je n’osais pas me lancer. Quand je me suis finalement décidé à le faire, j’y ai vraiment pris goût, et la machine s’est lancée rapidement : mon EP était sorti, les Inrock se sont intéressés à moi, j’ai été programmé à We love green en 2018, et j’ai grave speedé sur la création de l’album.
Maintenant, je l’aime beaucoup, mais à l’époque, c’était assez étrange, parce que j’avais l’impression de l’avoir sorti trop rapidement, d’avoir été trop pressé. Finalement, je ne regrette pas. (rire)
Lise : Quelles ont été tes inspirations ?
D.T. : Alors, je suis de nature plutôt réservée, je n’osais pas trop parler de moi, donc ce premier album était vraiment influencé par des choses métaphoriques, poétiques, des rêveries, des films, des romans, des concepts philosophiques… Toute cette culture que je garde de mes études de lettres et de philo. En fait, c’est un album assez rêveur, dans lequel je me cache, en tant qu’individu, derrière beaucoup d’orfèvrerie poétique.
Lise : Et quel souvenir tu en gardes ?
D.T. : Franchement, un superbe souvenir ! L’album n’avait pas marché en termes de stream et de ventes, mais niveau critiques, il a été très bien accueilli. C’était frustrant à l’époque, j’y avais mis beaucoup d’énergie, je m’étais donné à fond et ça n’avait pas marché comme je voulais. Ça m’avait découragé et j’avais fait une pause assez longue entre sa sortie et le moment où j’ai repris. Aujourd’hui, je porte un regard bienveillant sur cet album !
Lise : En 2022, tu as sorti une mixtape éponyme, de 11 titres : Dani. Comment l’as-tu abordée, suite à la pause que tu viens d’évoquer ?
D.T. : Il s’est passé beaucoup de choses durant ces quatre années de pause, entre 2018 et 2022, dont l’année du covid que je considère comme une année blanche. En 2019, j’ai terminé ma tournée pour mon premier album Les portes du paradis, puis tout s’est arrêté. J’étais assez déçu, de manière générale, donc je me suis consacré au travail en studio, à la prod, à l’écriture pour d’autres artistes. J’ai notamment commencé à travailler avec Alice et Moi à ce moment-là, sur son album Drama.
Puis, arrive 2022. J’ai voulu m’adresser à ceux qui m’écoutent avec Dani et c’est devenu une mixtape éponyme, pour dire : “Voilà qui je suis, je regrette de ne pas vous l’avoir montré dès le début”.
En essayant d’analyser l’échec du premier album, j’en suis venu à me dire qu’il sonnait peut-être comme un deuxième ou troisième album. Il était probablement trop impersonnel pour être un premier, les gens n’ont pas pu me connaître à travers lui, ni s’attacher à un personnage.
Lise : Et en termes de sonorité et de DA, quelle a été ton approche ?
D.T. : Par rapport au premier album, qui était très psychédélique, presque électro, j’ai essayé de mettre moins d’arrangements, d’épurer, de choisir des sonorités plus acoustiques. Dans Dani, il y a seulement deux morceaux qui sont vraiment électro, avec le kick sur tous les temps. Les autres, sont des chansons avec un texte davantage mis en avant. J’ai voulu proposer quelque chose de plus pur, être proche de la chanson, de la mélodie, pour montrer qui j’étais de manière plus directe.
Lise : Quelles sont les thématiques que tu abordes pour te raconter ?
D.T. : Mes principales thématiques, malheureusement, ça va être la tristesse, la déprime, le sentiment d’échec, la masculinité toxique également, chose dont j’ai beaucoup souffert. Il y a des chansons plus positives qui parlent d’amour, d’autres qui sont plus métaphoriques, dont une qui s’appelle Éternel, qui parle de l’envie de rester sur terre pour toujours, à travers l’art par exemple.
La musique, c’est un métier artistique qui te torture un peu, ça te tire vers le bas des fois, mais il faut persister, tu te relèves tout le temps, et c’est une chance incroyable de pouvoir en vivre.
« Je fais aussi beaucoup de compositions et de productions pour d’autres artistes. Celle avec laquelle je bosse le plus fréquemment, c’est Alice et Moi : j’ai co-composé avec elle ses deux derniers albums et j’ai fait la prod. Je travaille aussi avec Achile, Zélie, ou encore Louve, pour en citer quelques-uns. »
Dani Terreur
Lise : On peut encore découvrir ces morceaux sur scène ?
D.T. : Oui bien sûr ! J’ai récemment fait ma release party à Les Bains Paris, le 11 janvier, j’y ai rejoué des morceaux. Mais, contrairement au premier album, il n’y a pas eu de tournée pour Dani… Quand je l’ai sorti en 2022, tout tournait encore au ralenti, c’était priorité aux reprogrammations pour rattraper le retard général pris durant l’année du covid.
Par contre, je n’ai pas à me plaindre, il a quand même eu une belle visibilité médiatique, et, même sans énorme buzz, il a quand même été beaucoup écouté sur les plateformes de streaming. Cette fois, les gens connaissent les paroles par cœur et ça donne vraiment du courage !
Lise : Est-ce que tu peux nous parler des Sessions Cool Tristes et du développement de ce concept ?
D.T. : Le nom vient de mon titre qui s’appelle Mec cool triste, sur mon premier album, ce principe emblématique, pour moi, de rester cool, tout en assumant d’être quelqu’un de mélancolique et de triste.
À la base, le but de ces sessions, c’était juste d’inviter des gens au studio et de faire une minute de chanson pour les réseaux sociaux. C’était ce format court qui prédominait à l’époque, sur Instagram.
Chaque volume de ces sessions se compose de quatre chansons, avec quatre artistes différents. Les collaborations sur les quatre premières se sont tellement bien passées que j’ai rempilé pour un volume 2, avec quatre nouveaux titres. Les Réels d’une minute diffusés avaient plutôt bien fonctionné, donc, fin 2022, j’ai décidé de mettre les morceaux complets en ligne sur les plateformes d’écoutes.
J’ai remarqué que plein de gens m’ont découvert avec ce projet, et comme l’écriture de mon troisième album prend plus de temps que prévu, j’ai décidé de continuer à en faire. J’y prends énormément de plaisir !
Au début, je contactais uniquement des artistes que je ne connaissais pas, avec un petit DM sur Instagram. Par exemple, Kalika, Prudence, et Nikola, je ne les connaissais pas. C’était très stressant, mais je suis trop content, parce qu’à chaque fois que des personnes sont venues au studio, on a réussi à sortir une chanson qualitative en très peu de temps.
Lise : Donc c’est vraiment une collaboration à quatre mains à chaque fois ?
D.T. : Totalement et c’est ça qui est génial aussi ! Le but n’était pas de me dire : “Ok, tel artiste va venir, il faut que j’écoute toute sa discographie pour créer quelque chose dans son style”, pas du tout. J’essayais de rester le plus neutre possible et de voir comment la création entre artistes pouvait naître sur l’instant.
Jusqu’ici, ça a toujours fonctionné et bien matché ! Travailler avec des artistes que je ne connaissais pas, ou peu, n’a pas été un frein, au contraire, j’ai appris plein de choses. Si un jour j’arrête les Sessions cool tristes, c’est que je n’en tirerais plus de plaisir.
Ça me change de ce que je fais au quotidien aussi, c’est-à-dire, d’écrire ou de composer pour les autres : souvent, la personne arrive avec un cahier des charges bien rempli, en disant : “Ok, il faut que tu fasses ça et ça, pour que ça corresponde à mon projet”. Dans les Sessions cool tristes, c’est une création beaucoup plus libre, à plusieurs.
Souvent, je propose quelques accords qui me viennent sur le moment, et l’autre artiste commence à trouver une mélodie. On se dit rapidement : “Ah, tiens, cette partie pourrait être le refrain”, “On pourrait faire un couplet avec ça”, on écrit en même temps, tout est fluide.
Lise : Avant chaque session, tu définissais un thème ?
D.T. : Non je n’avais pas prédéfini de thématique, ça s’est fait naturellement, dans le processus de création. Comme je te disais précédemment, le nom de ces sessions est seulement un clin d’œil au morceau Mec cool triste, mais la tristesse et la mélancolie se sont rapidement installés comme des thèmes récurrents. Dans les dernières sessions, on a voulu explorer d’autres sujets. Par exemple, le morceau Là-haut avec Emma Hoet est plus positif. Ça dépend des artistes et de leur histoire aussi, Emma Hoet n’est pas du tout quelqu’un de déprimée, donc on a plus écrit une chanson qui serait un remède à la déprime. (rire)
Lise : Où est-ce que vous vous retrouvez pour enregistrer les chansons et tourner les vidéos ?
D.T. : En général, pour fabriquer le morceau d’une minute, les artistes viennent au studio pour une séance d’écriture de deux heures. Ensuite, on prend le temps d’enregistrer chacun nos parties pour la version complète de la chanson, de peaufiner, de réviser le morceau, de se l’approprier et de l’interpréter. Souvent, il y a une latence de quelques semaines, puis, je loue le studio pendant une journée et les quatre artistes viennent les uns après les autres : on enregistre en condition live le Réel d’une minute pour Instagram, et je diffuse tout sur les plateformes.
C’est même déjà arrivé, que, pour la version complète d’une chanson, je me serve de ces prises de voix live pour remplacer des prises de voix studio.
« Dans les Sessions cool tristes, c’est une création beaucoup plus libre, à plusieurs. »
Dani Terreur
Lise : À l’heure actuelle, tu as sorti quatre volumes des Sessions Cool Tristes. Est-ce que tu réfléchis déjà à faire un prochain volume ?
D.T. : Ouais j’y pense. Je serais tellement tenté d’en faire un nouveau, là, mais mon troisième et nouvel album va sortir cette année. Le premier single est prévu pour mars, et l’album complet sera disponible en octobre, donc j’ai peur que le fait de sortir une nouvelle session la même année ne tire une balle dans le pied de mon album… Autant faire chaque chose en son temps, pour ne saborder aucun projets.
Mais ce n’est pas l’envie qui manque. J’ai déjà pensé à des noms et certains artistes m’ont même déjà contacté pour me dire qu’ils seraient intéressés pour y participer (rire). C’est assez ouf ! Je vais être obligé de choisir.
Lise : Qu’est-ce que tu peux déjà nous dévoiler de ton nouvel album ?
D.T. : Il commence à prendre forme. En fait, j’ai fini la compo, il faut juste que je finisse l’enregistrement et les arrangements.
Ce que je peux en dire, c’est que ça va être le dépassement de la mélancolie que j’ai exposé dans mon album Dani. Ce sera un peu la synthèse du premier et du deuxième, il s’appellera Le bonheur et la tristesse. Le premier titre qui va sortir en mars portera le même nom.
Il sera un peu plus pop que les précédents. De manière générale, ce sera toujours des textes honnêtes, mais avec, cette fois, une volonté d’avoir un truc plus ouvert dans la mélodie, plus fédérateur, peut-être moins plombant.
Avec les Sessions cool tristes et tout ce que j’ai produit pour d’autres artistes, j’ai vraiment été inspiré, mais je me suis aussi réfugié dans ces projets, car j’ai tendance à repousser mon rêve principal, qui est de sortir ma musique. Le fait que mon album ne soit pas encore achevé, mais d’en annoncer sa sortie et la sortie de mon single en mars, me sert un peu de locomotive pour me concentrer sur mes projets.
Il faut encore que je tourne le clip avant mars ! (rire)
Lise : C’est toi qui produis ce nouvel album ?
D.T. : Oui, j’adore ça ! Sur Dani, j’avais collaboré avec d’autres personnes, mais pour ce projet, j’avais envie d’avoir la main dessus de A à Z. Peut-être que le prochain, j’irai l’enregistrer en studio avec de vrais musiciens, avec un ingé son, etc. Là, j’ai fait le choix de tout faire en MAO, j’utilise le logiciel Ableton. Je programme des instruments dedans, mais, par exemple, ça m’arrive de jouer et d’enregistrer des sons de batterie, de guitare électrique, de bass, de synthé, et de faire ensuite des arrangements dans le logiciel.
J’ai hâte de faire découvrir tout ça ! (rire)
Lise : Et tu as déjà des dates de concert pour Le bonheur et la tristesse ?
D.T. : Je vais annoncer une date parisienne bientôt, soit Aux Étoiles, soit à La Maroquinerie, je ne sais pas encore ! J’annoncerai plein de belles choses bientôt. (rire)