Marine Quéméré est auteure compositrice, interprète, et productrice. Elle a sorti son EP intitulé Bande d’annonce le 24 mai dernier. J’ai rencontré Marine en terrasse au Jules Jo, un bar du 18ème. Nous avons longuement échangé sur son enfance, sa famille, son parcours et la création de son EP.
Lise : Baignes-tu dans la musique depuis ton enfance ?
M.Q : Oui, mon père était également compositeur, il y avait des instruments de musique dans toutes les pièces de la maison, donc j’ai baigné dans la musique ! (rire) C’est d’ailleurs avec lui que j’ai composé mon premier EP Splash, en 2015. C’était hyper formateur de travailler avec lui, j’ai adoré ces moments de partage. Je me suis rendue compte à ce moment-là que j’étais autant “control freak” que lui (rire). J’ai fini par prendre mon envol et j’ai envoyé mes petites démos, enregistrées avec le logiciel Garage Band à l’époque (rire). C’était un peu du bricolage, mais ça m’a permis de rencontrer plein d’artistes, des réalisateurs, des producteurs, pour mettre mes sons un peu plus en formes, et aboutir à l’EP que je propose aujourd’hui.
Lise : Quand t’es-tu vraiment lancée en solo ?
M.Q : J’ai commencé jeune, j’ai fait ma première scène à 15 ans lors d’un concert caritatif au Bataclan, pour la Fondation Abbé Pierre, et c’est à ce moment que je me suis vraiment dit que je voulais vivre de la musique. J’ai toujours fait de la musique sous mon nom, j’avais d’ailleurs sorti un autre EP il y a quelques années.
Lise : Tu as également pris goût à faire de la production musicale ?
M.Q : Oui, et ça explique aussi pourquoi sortir ce nouvel EP a pris autant de temps. J’ai pris goût et passé beaucoup de temps à faire de la production et des arrangements musicaux pour d’autres artistes, mais aussi pour des documentaires ou des podcasts. Ça m’a permis de prendre en indépendance, et j’avais besoin ça. J’avais aussi envie de pouvoir contrôler ce que je faisais.
« Il y a beaucoup d’autodérisions dans mes chansons, ça sort assez spontanément quand j’écris. C’est un mélange de poésie et de second degré. J’ai presque envie de parler de fatalité joyeuse, j’aborde des sujets sombres et j’y mets de la lumière. »
Marine Quéméré
Lise : Tu incorpores des jeux de mots dans tes chansons, c’est une sorte de signature ?
M.Q : Il y a beaucoup d’autodérisions dans mes chansons, ça sort assez spontanément quand j’écris. C’est un mélange de poésie et de second degré. J’ai presque envie de parler de fatalité joyeuse, j’aborde des sujets sombres et j’y mets de la lumière. (rire)
Lise : Tu as donc sorti ton deuxième EP Bande annonce, le 24 mai 2024, comment te sentais-tu ?
M.Q : J’étais excitée, j’avais hâte ! Il a pris un peu de retard suite à un changement d’équipe, mais aussi dû à ma collaboration avec Nouvelle Vague qui me prend pas ma l de temps. Mais vraiment très contente qu’il soit enfin sorti!
Aussi, le deal avec ce groupe, c’est que je puisse faire leurs premières parties avec les chansons de mon EP, donc ce sera une superbe opportunité pour le faire découvrir aux gens. On a déjà une tournée prévue en France, en Belgique et en Amérique du Sud.
Ce sont deux projets assez complémentaires, à mon sens, et très formateurs : lorsque j’ai commencé la scène, j’étais seule et je m’accompagnais à la guitare, au clavier, j’étais timide et réservée. Je me cachais derrière mes instruments pour éviter d’avoir à trop occuper la scène, et, en étant chanteuse pour Nouvelle vague, je n’ai plus d’instruments derrière lesquels me cacher. Je me suis d’abord demandé ce que j’allais faire de mes mains (rire), et, finalement, ça m’a permis d’aborder la scène et le public différemment. Ça m’a libérée.
« Concernant Les vagues, c’est une chanson sur les gens distraits, rêveurs, qui ont du mal à rentrer dans le moule, à prendre des décisions, pour qui le provisoire dure toujours. »
Marine Quéméré
Lise : Si tu devais définir chaque titre de ton EP en un mot ?
M.Q : Pour Hélicoïdale, je dirais “spirale de doutes”. Pour Ektachrome, je dirais “l’enfance” : ce mot fait référence aux anciens films pellicules Kodak que j’avais à la maison quand j’étais enfant, donc ce sont tous mes souvenirs d’enfance. Pour Maryline, je vais dire “morose” , “mélancolie”. Je l’ai écrit lorsque j’habitais à Pigalle, près du Crazy horse et du Moulin rouge, et que je voyais ces danseuses rentrer tard la nuit, dans cette ambiance lumineuse pleine de néons… Je voulais personnifier un peu cette ambiance, en y intégrant également des anecdotes d’essais de casting de pubs que j’ai vécu. (rire)
Concernant Les vagues, c’est une chanson sur les gens distraits, rêveurs, qui ont du mal à rentrer dans le moule, à prendre des décisions, pour qui le provisoire dure toujours.
Lise : Quel a été le processus créatif pour le clip de Les Vagues ?
M.Q : J’ai contacté Martin Schrepel, le réalisateur du clip, en lui expliquant le pitch que j’avais en tête : me balader avec une planche de surf dans des endroits improbables, avec une succession de gamelles. Il a eu la merveilleuse idée de rajouter des scènes en fond vert pour incruster la plage et la mer, et je suis contente qu’il y ait ces respirations dans le clip, ça fonctionne bien. Il a été tourné en pellicule, d’ailleurs !
Pour la petite anecdote, la planche a complètement été fabriquée par mon papa. Il a pris un abattant de toilette pour lui donner une extrémité arrondi, c’est un peu Géo Trouvetou (rire), je suis vraiment admirative.
On voit aussi qu’au fur et à mesure des scènes, dans le clip, je deviens de plus en plus rouge ! J’ai eu une insolation après le tournage, c’était un jour de canicule. Tu rajoutes à ça le poids de la planche, c’était vraiment une journée intense, mais ça en valait la peine. (rire)
EP Bande annonce (À L’Ouest Records/Kwaidan Records)