Amandine Prost a cette plume puissante qui ne vous laissera pas indifférent.e. Après un passage dans The Voice Kids, elle a sorti, le 26 janvier dernier, son premier album : Internative. Découvrons son univers !
© Sébatien Marchand
Lise : Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Amandine Prost : Enchantée ! Je m’appelle Amandine Prost. On m’a peut-être vu il y a six ans dans l’émission The Voice Kids. J’étais d’ailleurs allée jusqu’en finale. C’était une superbe expérience ! Je suis passée du statut d’interprète à celui d’auteure-compositrice-interprète. J’ai écrit pendant cinq années un projet de premier album, sorti le 26 janvier dernier, sous le nom d’Internative.
Lise : Tu parlais de ton aventure dans The Voice Kids, quel regard portes-tu sur cette aventure des années après ?
A. P. : Un regard bienveillant, déjà ! Je suis assez étonnée d’avoir eu le courage de faire tout ça. Ils sont venus me chercher via ma chaîne YouTube à 14 ans, ça faisait un mois et demi que je l’avais créée. Je n’avais jamais imaginé qu’avec ma gueule et mon physique, cela puisse être possible. Avant The Voice, je chantais dans ma chambre, je n’avais jamais pris de cours de chant. Je suis honorée d’avoir participé à cette émission. Elle m’a donné l’approbation professionnelle et m’a permis de découvrir le grand répertoire de la chanson française. Je ne le connaissais pas forcément, je ne chantais pratiquement qu’en anglais avant de participer à l’émission.
« Internative vient de la contraction entre “internat” et “native”, pour imager la “personne née à l’internat”. C’est mon histoire, j’y suis restée trois ans et c’est la première fois que je quittais le cocon familial. »
Amandine Prost
Lise : Quels souvenirs gardes-tu du casting et des émissions ?
A. P. : Les auditions à l’aveugle sont assez impressionnantes. Je me souviens de monter sur scène et d’entendre un silence que je n’avais jamais entendu de ma vie ! La salle paraissait plus petite en vrai qu’à la télévision. C’est filmé avec un grand-angle, mais en réalité, tu es assez proche des fauteuils. Pour le contexte, il faut aussi s’imaginer que les tournages se sont déroulés sur trois périodes de vacances scolaires, et qu’entre chaque vacance, je retournais à l’école et je ne pouvais en parler à personne. Entre les castings, les différentes phases de tournage et la diffusion, il s’est passé plus d’un an. Seule la finale était diffusée en direct, et j’y ai défendu ma place avec le titre La Foule, d’Edith Piaf, qui reste un titre significatif. Je repars de cette aventure avec une envie d’écrire en français.
Lise : Par quelles phases es-tu passée de la fin de The Voice Kids à la sortie de ton album ?
A. P. : Le regard des gens a un peu changé après la diffusion, notamment au lycée. On me prenait en photo à mon insu par exemple, mais je n’ai pas été impactée plus que ça. Globalement, il n’y a pas eu beaucoup de négatif. J’ai terminé le lycée, passé mon bac et j’avais en parallèle commencé l’écriture de mon album en terminale, mais je ne me sentais pas de me lancer dans la musique à ce moment-là. J’avais même hésité à me consacrer uniquement au théâtre.
Finalement, après mon bac en design et arts appliqués, je suis partie en école d’architecture. J’ai continué d’écrire mon album au fil des années et une équipe s’est formée petit à petit dans la musique, autour de mon projet. J’ai donc fait deux ans d’études supérieures dans cette école, avant d’arrêter pour faire de la musique mon métier.
J’ai toujours été dans une dynamique de création de projets, d’où l’appétence pour les domaines artistiques, et ça correspond bien au milieu de la musique, dans lequel, lorsque que tu es un artiste émergent, tu es obligé d’avoir plusieurs casquettes et de gérer plusieurs projets en même temps, de savoir tout faire. Je pense à la technique, à l’écriture, à la création visuelle, aux clips… Toute la partie artistique en somme, mais aussi l’aspect entrepreneurial, la co-création de label, les relations avec les salles, la partie spectacle etc… Toutes ces compétences que tu dois acquérir, si, par exemple, tu veux qu’un label te fasse confiance par la suite, pour prouver que t’as les épaules et que t’es bosseur, mais aussi pour toi, pour savoir de quoi il en retourne et connaître le métier. Mais c’est dur.
« De manière générale, j’aime bien jouer avec les doubles sens et confronter les mots. »
Amandine Prost
Lise : L’expérience The Voice Kids t’avait permis de te créer un réseau pour t’accompagner sur ce projet d’album ?
A. P. : Non, ce sont des gens en local et principalement en Bretagne, qui ont eu envie de travailler avec moi et qui sont venus vers moi, notamment le Studio du Faune, situé à Saint-Uniac, proche de Rennes, avec lequel j’ai fait toutes mes résidences. Laurent Renault, le gérant, est devenu mon producteur et a créé le label-artiste “Faune PM”, dans lequel je suis signée. Je travaille aussi avec une équipe d’écriture et de co-écriture, ainsi que mon manager. Je fais tout avec eux depuis six ans, on a confiance les uns envers les autres et on a l’envie. J’ai vraiment eu un coup de cœur artistique pour eux, et c’est vraiment indé.
Donc, ce ne sont pas des gens liés à The Voices Kids qui m’ont porté, en revanche, c’est l’exposition de l’émission qui m’a permis de rencontrer ces gens, oui.
Lise : Ton premier album Internative est sorti le 26 janvier dernier, pourrais-tu nous expliquer l’origine de ce nom ? Est-ce en lien avec tes années à l’internat ?
A. P. : Oui, c’est un mot nouveau, j’aime bien écrire de nouveaux mots : ça vient de la contraction entre “internat” et “native”, pour imager la “personne née à l’internat”. C’est mon histoire, j’y suis restée trois ans et c’est la première fois que je quittais le cocon familial. C’est vraiment dans cet espace que je me suis découverte en tant que personne, je me suis senti libre, j’ai eu des discussions profondes avec les filles qui partageaient ma chambre, j’ai développé cette ouverture d’esprit, je commençais à avoir des envies concrètes et à ressentir une certaine intensité de vivre, une flamme intérieure était en train de naître en moi, et ce contexte m’a permis d’apprendre à me connaître sous tous les angles.
Une personne internative, c’est une personne qui a choisi de ne pas renoncer à elle-même. J’y vois une dimension intergénérationnelle : cette flamme, il n’y a pas d’âge pour la découvrir, il n’y a pas vraiment de règle. Moi, il se trouve que je l’ai découverte dans le contexte de l’internat, et je trouve que ce mot nouveau est une belle image.
Lise : Tu abordes la question du genre dans tes chansons, quel message tu souhaites faire passer ?
A. P. : La chanson en parle toujours mieux que moi (rire). J’aime bien rappeler que l’on n’a pas nécessairement besoin de se ranger dans une case et qu’on peut être soit même tout en étant dans une certaine nuance, que c’est une réflexion qui peut évoluer. Par exemple, il y a des jours où je me sens super féminine, d’autres ou je me sens super masculine, et c’est ok ! C’est un appel à ne pas figer les choses en quelque sorte.
Lise : Et pour parler de ton style de musique, c’est un mélange de variété française, de pop, un peu de jazz, beaucoup d’électro…
A. P. : Oui, tout ça, et l’électro, on le retrouve surtout dans les couleurs de l’arrangement, dans les sonorités. On y a ajouté une guitare très prononcée, pour avoir un résultat très organique. On s’est amusé avec des synthés également.
À la base, l’écriture des chansons se faisait en piano voix, et ensuite est venue la phase de composition et d’arrangement. Je me suis entouré de plein de musiciens géniaux et talentueux, à qui j’avais d’abord envoyé des maquettes acoustiques : Florian Dubos, guitariste du groupe Kyo et Jocelyn Moze, batteur du groupe Kyo, qui sont également co-réalisateur du titre Internative, mais aussi plusieurs musiciens Jazz, et Edouard Leys, un pianiste, qui m’accompagne par ailleurs sur mes lives maintenant. J’ai de la chance, car ce sont des musiciens expérimentés et qui ont le sens de la musique, et, sur scène, ça se ressent !
Pour ma part, je joue de la guitare depuis 2 ans et demi et je joue un peu de piano, j’essaie de toucher un peu à tout. Sur scène, je m’accompagne à la guitare pour faire quelques morceaux en guitare-voix, mais c’est encore tout frais, j’espère dans quelques années avoir plus d’assurance avec ces instruments.
« J’aime bien rappeler que l’on n’a pas nécessairement besoin de se ranger dans une case et qu’on peut être soit même tout en étant dans une certaine nuance, que c’est une réflexion qui peut évoluer. »
Amandine Prost
Lise : Tu me disais tout à l’heure que tu aimais bien inventer de nouveaux mots, que tu avais une sensibilité pour les mots. Si tu devais choisir une phrase que tu as écrite et qui t’a marqué, laquelle serait-ce ?
A. P. : Je pense que ce serait le titre du premier morceau que j’ai sorti : “Et si je tentais le pire”. C’était écrit de manière universelle au départ, et finalement, je me suis rendu compte que ça me correspondait complètement et que c’était devenu ma ligne de vie. Il y a tellement de moments où j’ai dû tenter le pire, prendre des tournants, notamment dans mon métier, pour arriver à des changements. “Échouer à la perfection”, ça me parle aussi énormément, et c’est une phrase tirée du même titre.
C’est vraiment une chanson qui symbolise mon mindset, et, tout comme le mot “internative”, ce sont quelque part des messages que je m’écris à moi-même et que je lirai encore dans 10 ans, pour ne pas oublier d’où je viens et ce que je me suis promis.
De manière générale, j’aime bien jouer avec les doubles sens et confronter les mots.
Lise : Si tu devais t’adresser à la Amandine de 14 ans que tu étais, que lui dirais-tu ?
A. P. : Je lui dirais de ne rien changer à ce qu’elle a fait, à ce qu’elle va faire. J’aurais presque envie de lui dire “Ne m’écoute pas !” (rire). Sois plus sympa avec toi-même, fais toi confiance, ne t’en fais pas, et des gens auront envie de te suivre malgré toi !
Mais d’un côté, je n’ai pas envie qu’elle entende ces paroles, parce que j’ai peur qu’elle se donne moins les moyens, qu’elle prenne trop la confiance.
Lise : Quels sont tes projets pour la suite ?
A. P. : On espère des entrées en radio et encore plus de concerts. D’ailleurs, je serai le 15 mars 2024 à Paris, à Les trois baudets, avec La petite en première partie, et d’autres concerts sont prévus, notamment le 31 mai à la Salle de Lacoustik, à Bédée, en Bretagne. Je pourrai bientôt annoncer d’autres dates.
J’espère également qu’un tourneur va entrer dans la boucle.
Et ça fait 2 ans que mon carnet est ouvert et que je travaille sur l’écriture du deuxième album. Je ne m’arrête jamais vraiment d’écrire finalement (rire). Le deuxième album est donc en préparation, et j’ai déjà quelques titres au chaud que j’ai hâte de pouvoir sortir !