DJ et productrice, Naajet a cofondé le collectif Bande de Filles qui met en avant les femmes dans la musique électronique. Adepte du groove cosmique et des dancefloors pailletés, elle se balade entre House, Disco et Techno ! Elle s’apprête à sortir son nouvel EP Club Odyssey et sera en résidence très bientôt au Sacré. Rencontre avec une DJ aux multiples casquettes.

Lise : Hello Naajet, comment as-tu développé ton propre univers musical ?
Naajet : Hello Lise, j’adore ce qui groove, ça vient beaucoup de sons qu’écoutaient mes parents. Mon père m’a transmis son goût pour la house, le funk, le disco, la soul, le blues et le hip-hop, et ma mère avait un background punk, new wave, rock et un peu techno. J’ai baigné dans un univers musical éclectique.
Et mon style de musique est un mélange de jazz, blues, soul, disco, funk, et par la suite RnB et hip-hop. J’incorpore aussi de la house, de la techno et tout ce qui en dérive.
Lise : As-tu un processus de création particulier pour tes tracks ?
N. : Ça évolue souvent. Dernièrement, je me suis beaucoup référée à des tracks qui m’inspirent. Je décortique le morceau, j’étudie et analyse sa composition, pour ensuite réutiliser tout ça à ma sauce, et ça crée quelque chose de totalement différent.
J’enregistre tout chez moi, avec le logiciel Ableton, mon ordi, mes enceintes, ma carte son et mon clavier. J’ai appris de cette manière parce que je n’avais ni l’argent ni l’espace pour acheter plus de matériel lorsque j’ai commencé, et je continue toujours à produire ainsi aujourd’hui.
« On a créé ce collectif il y a 5 ans, à une époque où la place des femmes dans la musique électronique était quasiment inexistante. Il y avait très peu de représentations féminines dans ce milieu, donc on a dû créer nos propres opportunités. »
Naajet
Lise : Quel est ton rituel avant de monter sur scène ?
N. : J’essaie de trouver une tenue dans laquelle je suis à l’aise et bien dans ma peau. Étant une femme avec des formes et dansant beaucoup, il me faut des vêtements adaptés. Ça ne me dérange pas d’être un peu sexy, mais toujours avec une certaine maîtrise.
J’aime aussi arriver en avance aux soirées pour voir les artistes qui me précèdent et m’imprégner de l’ambiance.
Je ne suis pas particulièrement stressée, sauf pour les grosses dates qui représentent un enjeu pour moi, comme jouer au Sucre à Lyon juste avant Laurent Garnier (rire).

© Paul Bourdrel
Lise : Le milieu de la musique électronique est-il une safe place pour toi ?
N. : Dans l’industrie de la musique électronique, les choses ont beaucoup évolué. Il y a eu une époque où je recevais des remarques blessantes, où l’on me faisait clairement sentir que je n’avais pas ma place. Aujourd’hui, personnellement, cela ne m’arrive presque plus. L’environnement est devenu plus sûr.
Lise : Travailles-tu seule ou avec un agent ?
N. : Au début, je gérais tout toute seule, mais c’était une charge de travail immense. Depuis quelque temps, je collabore avec un agent pour m’aider dans la gestion des bookings et l’orientation de ma carrière. Il s’occupe des dates, des cachets, des conditions contractuelles, ainsi que de la logistique des transports et hébergements. Il prend également en charge le management artistique, la direction artistique, le démarchage des labels pour mes morceaux, la gestion de la SACEM, et bien plus encore.
Depuis que je travaille avec lui, j’ai clairement vu la différence : j’ai plus d’opportunités, il m’a permis de sortir des titres sur deux grands labels anglais, il m’a décroché plusieurs dates de concerts, et il a même réussi à négocier des cachets plus élevés. C’est un véritable soutien, et cela m’a libéré énormément de temps.

© amarger.raw
Lise : Quels sont tes projets à venir ?
N. : Une rentrée chargée ! Mon EP Club Odyssey sort le 18 octobre sur Shall Not Fade. Je serai également en résidence SWEAT au Sacré à partir du 18 octobre prochain.
J’ai plusieurs dates de prévues avec mon projet solo et avec le collectif Bande de filles. On a créé ce collectif il y a 5 ans, à une époque où la place des femmes dans la musique électronique était quasiment inexistante. Il y avait très peu de représentations féminines dans ce milieu, donc on a dû créer nos propres opportunités. Heureusement, les choses ont bien évolué depuis !
En parallèle, je continue à pratiquer la danse. Je fais partie de la Compagnie Madoki et je participe à un spectacle intitulé D.I.S.C.O, dans lequel je mixe et danse.
Par ailleurs, j’aimerais me tourner vers la médiation culturelle, pour transmettre la culture musicale dans des écoles, par exemple. J’aimerais aborder non seulement la musique, mais aussi l’aspect social et politique qui l’accompagne, surtout dans le contexte des musiques électroniques, qui ont une dimension politique très forte.