La meuf inspirante du mois #4 : Marie Beauchesne / Entrepreneuse et féministe

Il y a quelques semaines, j’ai rencontré Marie Beauchesne, féministe, entrepreneuse et créatrice de la marque Ypsylone , au Delaville Café à Bonne Nouvelle.

Lise : Tu dis souvent que tu as voulu suivre tes convictions et valeurs lors de la création de ta marque, mais quelles sont-elles ? Ont-elles évolué avec le temps ?

Marie Beauchesne : Je ne pense pas qu’elles aient évolué. La valeur qui est la plus importante pour moi, c’est la liberté. Je relie beaucoup la question de liberté à mon engagement féministe.

Pour moi, la mode n’était pas un but en soi, mais vraiment un moyen. D’une part, c’est un moyen que j’aime bien : créatif qui a un côté ludique, esthétique, c’est un peu un jeu avec soi. Mais aussi une frustration car lorsque tu es féministe et que t’aime la mode, c’est compliqué. J’avais envie que les choses changent en créant ma marque.

J’avais envie de contribuer à faire changer les choses pour les femmes, qu’elles soient avant tout considérées pour ce qu’elles étaient, pour ce qu’elles sont et non pas pour ce à quoi elles ressemblent. Pour moi, une femme photoshopée, ce n’est pas une vraie femme !

Lise : Quel est selon toi le profil type de la féministe 2.0 ?

Marie : J’ai l’impression que la nouvelle féministe se découvre au féminisme depuis 6 mois/ 1 an et j’en suis très contente ! Quand je regarde dans les médias ou dans des cercles moins proches du mien, il y a une vraie différence entre avant Trump et après Trump !

Pour moi, la nouvelle féministe, elle ne se reconnaît pas forcément dans un mouvement et c’est ça que je trouve assez intéressant. Tu n’es pas obligée d’être féministe sur tout ou de maîtriser tous les sujets. 

La nouvelle féministe est décomplexée et n’a pas envie d’être mise dans une case. Les féministes ont trop longtemps été mises dans des cases. D’une part par la société, les hommes et même par d’autres femmes d’une manière générale.

C’est vraiment bien que les modes d’action aient changé car pour moi le féminisme, c’est un engagement quotidien.

Lise : Te verrais-tu rejoindre une association déjà créée ou préfères-tu avancer en solo en piochant des idées dans chacune ?

Marie : Non ! Je me vois assez mal rejoindre une association féministe, éventuellement des groupements de femmes, des networks féminins, des groupes de soutien, des groupes d’empowerment, ou de développement personnel des femmes, que ça soit sur la carrière ou la sexualité oui !

Mais voir l’engagement féministe uniquement par le prisme des associations c’est complètement dépassé pour moi. Il n’y a pas de monopole de l’engagement et je trouve que l’on a trop opposé le modèle militant, associatif versus le grand méchant capitalisme alors que tu peux aussi t’engager en menant des projets créatifs, artistiques, business, les 2, les 3 à la fois ! Ce que je regrette concernant les associations féministes, certaines du moins, ce sont les querelles intestines et le manque de tolérance vis-à-vis d’autres assos, d’autres femmes ou d’autres modes d’actions, qui parfois prend plus de place que le combat et ça m’attriste quand je vois passer ça sur les réseaux sociaux. Je préfère la sororité sous toutes ses nouvelles formes.

«La nouvelle féministe est décomplexée et n’a pas envie d’être mise dans une case.»

Lise : Qu’est-ce qui te ressemble dans le « pop féminisme » et fait partie de tes croyances ?  Quelle femme représente le mieux ce mouvement ?

Marie : C’est créatif, accessible à tous, ancré dans le quotidien, et moins politique. Toutes mes références sont Américaines. Je pense que le fait d’avoir habité là-bas, et d’être rentrée en France a eu un impact… J’ai donc baigné dans la culture et je trouve ça hyper puissant ! Pour la référence ultime, c’est Emma Watson mais aussi : Léna Dunham, Sophia Amoruso,… Tout ça pour moi, c’est du pop féminisme !

Dans le pop féminisme, il y a quand même un côté commercial mais dans le sens positif du terme car qui dit commercial dit que tu as un impératif d’efficacité.

Une star qu’elle soit féministe depuis longtemps ou qu’elle le soit depuis 6 mois arrivera à beaucoup plus impacter qu’une branche radicale ou une branche ultra intello, c’est peut-être très profond mais c’est inaccessible. Si personne n’est touchée, cela ne sert strictement à rien ! C’est le cas de la thèse qui est lue par une personne et demi !

Lise : Cite-moi une habitude/ un fait qui est politiquement incorrect mais que tu fais quand même ?

Marie : Là je me ballade sans soutif à Paris donc je ne sais pas si c’est politiquement correct ? (rires)

Lise : Quels sont tes futurs projets et objectifs pour ta marque ?

Marie : Ma marque est en train de devenir quelque chose de plus personnel. Je suis toute seule sur le projet depuis plus d’un an. J’ai un projet de vidéos sur le féminisme en général mais pas nécessairement lié à la mode, j’ai également un projet sur la mode responsable mais pas uniquement féministe.

En parallèle, je vais être plus accès sur le contenu : le texte, la prise de parole, ainsi qu’aider les gens dans leur prise de parole…

 Lise : Quel message aimerais-tu faire passer aux lecteurs et lectrices de « La Meuf à frange » ?

Marie : Incarnez le changement que vous voulez voir, soyez fermes dans vos convictions mais tolérant·es avec celles des autres : au quotidien l’écoute et le dialogue sont plus efficaces que la joute verbale. L’effet boule de neige fonctionne si on applique ces règles.

 

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#LaMeufAFrange

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