Transportée par sa voix cristalline et ses textes militants, j’ai voulu en savoir plus sur la solaire et sensible Comae. Elle a sorti son premier EP La nuit en septembre dernier et a passé toutes ses vacances d’été dans le lot pendant son enfance (information primordiale). Plongeons dans son univers !
Lise : Hello Comae, Peux-tu te présenter ? Pourquoi Comae comme nom de scène ?
Comae : Je suis Comae en tant qu’artiste. J’écris, je compose et interprète des chansons tristes. C’est ma passion ! J’ai sorti mon premier EP La nuit en septembre dernier. J’avais déjà sorti deux singles : La nuit et Paradis. C’est mon premier bébé qui est sorti ! Je fais beaucoup de piano-voix avec un travail important sur les harmonies vocales. J’adore raconter des histoires. C’est le métier que je voulais faire quand j’étais petite !
Je m’appelle Comae et mon vrai prénom dans la vie est Bérénice. Il se trouve que Comae et Bérénice sont une constellation qui s’appelle la Chevelure de Bérénice. C’est une très jolie histoire d’amour où la reine Bérénice d’Egypte va sacrifier sa chevelure pour le retour de son mari. Je suis en plus passionnée par les étoiles ! Je regarde les étoiles pratiquement tous les soirs.
Lise : C’est ton premier projet en tant que Comae. Avais-tu d’autres projets artistiques avant ?
C. : J’ai eu un projet de fin d’étude car j’ai fait une école de musique. On devait sortir un petit EP/album. J’avais en parallèle écrit une histoire qui reliait chaque chanson. J’avais fait un livre audio. Il est toujours sur Souncloud, il est là, il erre ! (rire) C’était complètement en anglais car je vivais à Londres. J’ai sorti le projet sous Comae Berenices, le nom entier de la constellation.
« Comme le titre la nuit aborde le sujet des violences sexistes et sexuelles, je voulais représenter cette idée d’une personne qui est suivie en l’occurrence moi-même. On se rend compte à la fin que c’est la même personne. Le personnage est finalement hanté par de vieux souvenirs. »
Comae
Lise : Peux-tu me parler de ton enfance ? A-t-elle été heureuse ?
C. :J’ai grandi en banlieue parisienne de famille Bretonne. J’ai des souvenirs de tous ces étés passés chez ma grand-mère dans le lot. Ma passion pour les étoiles a commencé là-bas. Tous les 15 août, je faisais des nuits à la belle étoile. Je voyais tellement d’étoiles filantes ! Je ressentais un sentiment de paix qui est super dur à trouver quand tu es enfant. Ces étés-là, je lisais la collection poussiéreuses de livres de ma grand-mère. Mon titre s’appelle Sous les frênes car j’étais entourée de frênes chez ma grand-mère. J’ai eu une enfance paisible et solitaire car j’étais fille unique. J’étais entourée de livres.
Lise : Que t’évoques la nuit en référence au titre de ton premier EP ?
C. : J’aime bien répondre à cette question car je vois l’évolution de mes réponses. Cet EP a été écrit dans la douleur et lors de journées hivernales où les nuits étaient très longues. J’avais l’impression d’avoir éclaté en mille morceaux et de ne pas arriver à en sortir. Quand on traverse une dépression, tout est compliqué, même se lever. La nuit est le premier titre de l’EP et la première chanson que j’ai écrite. C’est également la première que j’ai écrit en français. Il y a une espèce de mise à nue complète. La nuit est maintenant plus apaisée et calme. Je suis contente de pouvoir dire ça aujourd’hui. C’est une sorte de victoire de chanter cette chanson et de m’en être sortie.
« Il se trouve que Comae et Bérénice sont une constellation qui s’appelle la Chevelure de Bérénice. C’est une très jolie histoire d’amour où la reine Bérénice d’Egypte va sacrifier sa chevelure pour le retour de son mari. »
Comae
Lise : Dans ton clip, tu as personnifié la nuit avec deux personnages. Quels rôles jouaient-ils ?
C. : Le deuxième personnage est un double de moi. Comme le titre la nuit aborde le sujet des violences sexistes et sexuelles, je voulais représenter cette idée d’une personne qui est suivie en l’occurrence moi-même. On se rend compte à la fin que c’est la même personne. Le personnage est finalement hanté par de vieux souvenirs. Avec Léna, la réalisatrice du clip, on ne voulait pas aborder clairement le sujet des violences, on a pris le partie de laisser les gens se faire leur propre lecture. C’est évident que les femmes qui en ont vécu se reconnaitront. On voulait aussi aborder le sujet des femmes dans l’espace public la nuit.
Lise : Tu es plutôt jour ou nuit ?
C. : C’est super dur ! Je vais quand même dire nuit pour le titre de mon EP ! (rire) Pendant la nuit, j’ai tendance à prendre soin de moi : de la lecture, de l’écriture ou de la production musicale. Ce sont des moments pour moi, qui m’appartiennent.
Lise : Quelles émotions, sentiments et évènements marquants ont inspiré les titres de ton EP ?
C. : Je crois qu’il y a toujours un mélange. J’ai raconté une histoire personnelle dans La nuit. Pour Paradis, j’ai mixé pleins d’histoires que j’ai vécu et qu’on m’a raconté. J’avais envie de représenter cette idée de naïveté, de vouloir mourir pour ses idéaux comme Antigone. Pour Sous le frênes, ce sont mes étés dans le lot. Pour Limbes, j’ai voulu raconter la peur de l’autre que j’ai. J’ai un manque de courage quand il s’agit d’amour. L’aube est né d’une note vocale que ma maman m’avait envoyé en 2019 quand j’étais à Londres et que je n’allais pas bien du tout. En 2020, j’ai perdu une personne proche qui s’est suicidée. Ca m’a ramené à cette note vocale qui m’avait énormément aidée. Dans ce titre, je voulais parler de la personne que j’ai perdu et des personnes qui m’ont entouré. Cette chanson est forte en émotions : c’est à la fois quelqu’un qui s’adresse à moi, moi qui m’adresse à quelqu’un et un ensemble de voix qui s’adresse à tout le monde en disant que ça ira. Elle est axée sur l’espoir.
Lise : L’articulation de tes chansons suit un fil rouge ?
C. : C’est une traversée du désert, du deuil, le deuil de soi, de l’enfant. J’ai eu l’idée rapidement de créer un titre avec le levée du soleil et L’aube est arrivée. La dernière phrase est : « L’aube nous appartient », c’est une belle promesse.